Colle pour extensions de cils : toxique?

Colle Ébène pour extensions de cils d'O'Cils, fabriquée en Allemagne

Colle Ébène pour extensions de cils d’O’Cils, fabriquée en Allemagne

Il y a environ 7 ans, je découvrais les extensions de cils, une technique qui permet d’allonger et/ou de donner du volume aux cils naturels. Cette procédure en était à ses débuts ici, alors qu’en Asie, elle était déjà populaire, comme plusieurs tendances beauté d’ailleurs. Je ne ressentais par contre pas le besoin de les essayer, jusqu’à l’an passé, où je suis devenue complètement accro, comme une grande majorité de personnes qui les essaient. 

Depuis, j’ai visité plusieurs techniciennes, essayé plusieurs produits, pour finalement, suivre un cours et faire des tas de recherche sur le sujet. Je me considère donc, tout comme pour les produits de beauté, assez bien informée. 

La tendance est d’ailleurs de plus en plus populaire, et fortement répandue. On voit des nouveaux salons en pose de cils pousser comme des champignons et de nouvelles techniques apparaître fréquemment. 

J’ai décidé d’écrire un article au sujet de la colle utilisée pour la pose d’extensions de cils, puisque comme vous me connaissez, j’aime bien m’informer sur le côté santé des cosmétiques et bien approfondir sur la composition des produits. 

La colle pour extensions de cils a beaucoup évolué depuis les débuts de cet art, mais un ingrédient de base demeure : le cyanoacrylate. Il faut savoir que les colles actuelles contiennent souvent des dérivés du cyanoacrylate, qui sont plus performants, plus flexibles, plus résistants, etc. Les plus fréquents sont le ethyl-2-cyanoacrylate (2-cyanoacrylate d’éthyle), le polymethyl methacrylate  et l’alkoxy-2-Cyanoacrylate.

Le cyanoacrylate 

Le cyanoacrylate est une résine acrylique qui polymérise (durcissement) rapidement à très rapidement en présence de molécules d’eau. On le retrouve dans plusieurs colles, soit industrielles, ménagères (comme la Super Glue, la Krazy Glue), médicales (pour la chirurgie) et esthétiques (pose d’ongles et de cils). Les concentrations et variantes sont différentes d’un produit à l’autre, pour s’adapter à l’usage spécifique. 

Par exemple, j’ai testé la Krazy Glue et de la colle pour extension de cils 3d (à séchage instantané) pour réparer un objet en plastique cassé. La colle pour extensions de cils a séché immédiatement, tandis que j’ai du maintenir une pression sur la Krazy Glue pendant de nombreuses minutes. On remarque alors que toutes les colles sont différentes, et il en est de même au niveau des extensions de cils. 

Toxicité

Une cliente, ou une technicienne, peut être ou ne pas être allergique à une ou des composantes de la colle, mais là n’est pas mon intérêt, car cela peut arriver avec n’importe quel cosmétique. 

Ce qui m’intéresse ici, c’est la toxicité des vapeurs de cyanoacrylate. Pourquoi? Parce que comme l’industrie est assez récente, c’est pour l’instant, du moins ici au Québec, une vraie jungle.

Plusieurs techniciennes décident de se lancer en distribution de produits d’extensions de cils pour professionnelles, mais sans avoir les connaissances au niveau règlementation, normes gouvernementales, enregistrements, santé, etc. Malheureusement, elles vont parfois importer leurs produits de divers pays (comme la Chine, où les normes sont bien différentes d’ici) sans même vérifier la composition, si des tests de toxicologie ont été réalisés, ou pire, sans même déclarer le produit à l’agence de santé gouvernementale (ici Santé Canada). La plupart des produits sont sans risque, puisqu’ils contiennent des ingrédients communs. Cependant, ce n’est pas le cas de la colle. 

Ce qui me désole ici, c’est que ces techniciennes mettent leur propre santé en jeu, souvent par ignorance. D’où la raison de mon article ici. Je m’inquiète moins pour leurs clientes, puisque même si celles-ci sont exposées aux divers produits, elles ne le sont pas de manière répétées, à moins de se faire faire des remplissage (rafraîchissements entre les poses complètes) à tous les jours. Ma préoccupation se situe surtout au niveau du nombre élevé de jeunes femmes en santé qui utilisent leur colle toute la journée, en toute confiance, sans savoir qu’il comporte peut-être un risque. 

Les vapeurs

Le cyanoacrylate dégage des vapeurs dans l’air, qui varient en intensité et en degré de toxicité selon le type, la concentration, le procédé de fabrication, etc. Ces vapeurs peuvent irriter les membranes des yeux, du nez de de la gorge.

Formaldhéyde

Un des éléments dégagés dans la vapeur de cyanoacrylate est le formaldéhyde (oui oui, du bon vieux formol!), un gaz inflammable toxique.

Il a été classé comme « cancérogène certain » par le Centre international de recherche sur le cancer, qui relève de l’Organisation mondiale de la santé. Il est à l’origine des cancers du nasopharynx, pourrait être à l’origine de certains cancers de la région du nez et il n’est pas exclu qu’il soit potentiellement à l’origine de certains cancers de la région de la gorge également. Il existe aussi des preuves de génotoxicité (le formaldéhyde inhalé cause des perturbations à l’ADN). 

Vapeurs de cyanoacrylate

Environ 5% de la population devient sensible aux vapeurs de cyanoacrylate après une exposition répétée, ce qui en résulte des symptômes ressemblant à un rhume ou une allergie saisonnière. Les techniciennes en extensions de cils sont donc plus susceptibles puisqu’elles y sont exposées quotidiennement. Dans de plus rares occasions, l’inhalation peut aller jusqu’à faire développer de l’asthme. 

Pour aider les travailleurs à éviter des troubles de santés causés par les vapeurs de cyanoacrylate, l’organisme américain ACGIH (American Conference of Governmental Industrial Hygienists) a fixé un seuil limite d’exposition de 200 ppb (parties par milliard).

Vapeurs de formaldéhyde

Quand au Formaldéhyde, la France, pour se mettre en conformité avec le droit européen et les recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’a fixé à 30 μg/m3 (24,42 ppb – oui mes amies, j’ai fait la conversion pour vous, en utilisant la masse moléculaire du formaldéhyde :-) en moyenne hebdomadaire. 

Vous voilà donc informée! :-)

Dans un monde idéal

1. Le fournisseur (fabricant) de la colle doit connaître et respecter le seuil limite d’exposition du pays importateur si celui de son pays d’origine est moins élevé.

2. L’importateur doit demander au fabricant le rapport MSDS de la colle (Material Safety Data Sheet), vérifier les résultats des tests de toxicité réalisés, s’assurer qu’ils respectent les normes en vigueur, vérifier la composition et le % de chaque ingrédient présent dans la formule (cette information doit obligatoirement être déclarée à Santé Canada). Il doit aussi vérifier la date du rapport MSDS (elle doit être récente!). 

Il devrait également vérifier si les normes de gestion de la qualité sont respectées. Pour ce faire, il existe la norme ISO de l’Organisme International de Normalisation. Cet organisme décerne des normes ISO aux fabricants qui respectent plusieurs critères. Attention : la norme ISO est renouvelable chaque année. Ce n’est pas parce que le manufacturier a obtenu la certification ISO en 2008 qu’il l’a encore aujourd’hui. 

Je n’ai rien contre les pays étrangers, mais il faut savoir que certaines compagnies de pays en voie de développement fabriquent des produits dans des conditions pas du tout contrôlées. C’est PARFOIS le cas avec des colles provenant de la Chine. 

Comment faire pour diminuer les risques sur la santé?

La première chose à faire en tant que technicienne est de travailler dans un environnement bien ventilé. Un échangeur d’air est idéal. Vous pouvez aussi investir dans un assainisseur d’air à filtre HEPA. C’est le plus efficace en terme de filtration de petites molécules. Il ne pourra pas filtrer les vapeurs que vous avez directement sous le nez, mais le plus près de vous il se situe, mieux il vous aidera pour les vapeurs résiduelles sur une plus longue période. Il n’y a pas que la colle qui crée des vapeurs. Il y a aussi le dissolvant, qui contient souvent de l’acétone (potentiellement toxique), le préparateur (alcool, peroxyde, chlore, etc.), à composition très variée, etc. 

Masque de protection

Côté masque de protection, il est plus ou moins inutile puisque les modèles qu’il faudrait porter pour filtrer correctement les vapeurs en question sont massifs, peu discrets, inconfortables, peuvent rendre la respiration avec une sensation de « chaleur, humidité et texture épaisse » (pour en avoir essayé une version moi-même lorsque j’étais enceinte pour teindre mon balcon en bois ou encore m’appliquer du vernis à ongles lol) et risquent de faire peur aux clientes. Quand aux masques traditionnels style « corps médical » ils ne filtrent aucunement les vapeurs de cyanoacrylate ou de formaldéhyde.

Quelle colle choisir? 

La seconde chose est de ne pas acheter n’importe quelle colle. On ne peut se fier à la liste d’ingrédients seulement ou sur les simples dires de la personne qui la vend. 

De grâce, assurez-vous absolument que la colle que vous utilisez a été déclarée à l’agence de santé de votre pays, ici Santé Canada. Le distributeur devrait pouvoir vous fournir le numéro de déclaration sur demande!

« Material Safety Data Sheet » (Formulaire de données sur la sécurité du matériel – traduction libre). 

Il est bien évident que vous ne pouvez vous transformer en chimiste et faire des analyses de vapeurs. Mais le distributeur devrait accepter de vous montrer le formulaire MSDS sur demande. Attention, les formulaires MSDS ne sont pas tous identiques. Certains contiennent des informations supplémentaires. 

Assurez-vous que les tests toxicologiques ont été réalisés et qu’il respectent les normes. Vérifiez le pays d’origine de la colle. Certains pays ont des normes plus strictes que d’autres. 

Après avoir lu les MSDS de plusieurs colles, ceux qui m’ont le plus satisfaite en termes de détails, de profondeur et de variété de tests, provenaient de l’Europe. Cela ne signifie pas que les autres ne sont pas bonnes, j’ai juste apprécié de voir les taux de vapeurs (un grand plus selon moi!). 

Pays de fabrication

Ma technicienne utilise une colle fabriquée en Europe, une des seules provenant de l’U-E disponible au Québec. La marque est O’Cils. La présidente, Véronique Baker, est l’une des plus anciennes techniciennes et formatrices en extensions de cils au pays. Elle est membre de l’association NALA pour les techniciennes en extensions de cils, qui veille à standardiser la pratique pour la rendre la plus sécuritaire et bien réalisée possible. Étant officiellement « Lash Master » (maître-cils), ses produits, elle les scrute à la loupe, elle les développe sur une longue période, fait des recherches, les teste, les fait approuver, etc. 

La Colle Ébène 

Il s’agit d’une colle à séchage rapide pour la pose 3D, mais elle ne sèche pas instantanément, ce qui facilite le travail des techniciennes. Elle a une excellente tenue. Je peux facilement étirer mes retouches sans problèmes! 

Ses autres avantages : parfaite pour tous les types de poses, autant simple que volume, une goute dure longtemps, résistante à l’humidité (c’est une colle pour celles qui aiment être zen, et ne pas constamment avoir à vérifier la température et le niveau d’humidité de la pièce). Ça fonctionne partout, en toutes saisons, et c’est tout lol ;-). 

Non seulement elle respecte les standards de l’Union Européenne, mais elle est certifiée ISO 10993-5. Cette certification spécifie les méthodes d’essai d’évaluation de la cytotoxicité. « La cytotoxicité est la propriété d’un agent chimique ou biologique à être toxique pour les cellules, éventuellement jusqu’à les détruire. » (Wikipedia). Elle est donc certifiée non-cytotoxique. 

Elle est bien sur répertoriée comme cosmétique à Santé Canada, mais en plus le formulaire MSDS fait la démonstration des niveaux de vapeurs des composés organiques volatiles, la densité des vapeurs dans l’air, les seuils d’odeurs, les informations toxicologiques au niveau oral, respiratoire et dermatologique, etc. D’autres formulaires de ce type peuvent être aussi exhaustifs, mais certains que j’ai consultés n’avaient pas la moitié des informations contenues dans ce rapport. C’est intéressant de voir les différences! Évidemment, si j’en parle, c’est que cette colle se situe bien en-deçà des limites, ce qui en fait une valeur intéressante pour celles qui s’inquiètent du manque de transparence des fabricants. 

 

Je ne peux aucunement dire que cette colle est meilleure que les autres, mais je peux juste dire qu’elle est testée rigoureusement et que les informations sont facilement disponibles. Ça vaut la peine de se renseigner pour le respect de nos clientes et surtout, le respect de notre propre santé! 

Que savez-vous sur votre colle ou encore celle de votre technicienne? Comptez-vous modifier la façon dont vous travailler avec la santé en tête maintenant?

Du moins, ça mérite une réflexion ;-)

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